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Éducation nationale : comment s’orienter sans boussole ?

  • Agnès Le Brun
  • 11 juin
  • 2 min de lecture

Agnès Le Brun dénonce l’inefficacité française du système d’orientation des élèves.

 

Tout le monde le sait mais rien ne change depuis des décennies, si ce ne sont des annonces sans traduction concrète. Selon que l’on est socialement favorisé ou pas, selon que l’on est urbain ou rural, selon l’établissement que l’on fréquente, les chances réelles de pouvoir « construire son parcours d’orientation scolaire », selon le jargon en vigueur, sont cruellement inégalitaires.

 

Le dernier rapport de la Cour des comptes, qui fait suite à ceux de 2023 et de 2022, souligne les mêmes maux : si Parcoursup en est l’élément le plus visible, et d’actualité, c’est tout le processus de l’orientation scolaire qui est en cause. Non seulement les procédures sont très peu lisibles, le manque d’informations criant, les personnels concernés très peu formés ou déconnectés, mais, pire, les élèves finissent par se résigner à subir.

 

Comment accepter, en 2025, l’explication avancée depuis maintenant très longtemps, le manque de moyens ! Il s’agit pourtant de 8 000 équivalents temps pleins et de 400 millions d’euros par an ! L’échec collectif est donc bien difficile à masquer et le constat implacable. Aujourd’hui, l’école française, par une suite sans fin d’aberrations, le refus borné de la remise en question et l’incapacité à prendre des décisions radicales dans un ministère hypercentralisé et englué dans un magma technocratique, l’école française, chantre auto-proclamé de « l’égalité des chances », non seulement ne se dote pas d’armes pour lutter contre le déterminisme social et géographique mais, pire, renforce celui-ci.

 

Près de 40 % des élèves orientés vers la voie professionnelle le sont de manière contrainte, 56 %des 18-24 ans regrettent d’avoir fait un mauvais choix par manque d’information, sans compter les orientations genrées qui continuent à sévir malgré des discours de pure communication.

 

Les conseillers d’orientation sont jugés très sévèrement par 59 % des lycéens, qui, comme les collégiens, vivent avec angoisse un moment de leur vie qui ne devrait être qu’enthousiasme et exaltation.

 

On aurait pu s’attendre à ce que les Régions qui assurent, depuis 2014, une compétence partagée avec l’État prennent les choses en main, au plus près des spécificités territoriales et des besoins économiques. La réalité est tout autre : selon la défenseure des droits, « la gouvernance apparaît confuse », et l’« absence de pilotage national » plus la « dilution des responsabilités » conduisent à l’échec, à la frustration, particulièrement chez les jeunes ruraux qui sont bien souvent les oubliés de l’histoire. Par manque de mobilité et d’information éclairée, le pas est vite franchi d’une orientation par défaut à une logique de renoncement.


Quelques régions ont adopté avec succès le « aller vers », par exemple via des permanences mobiles, mais là aussi les politiques régionales sont très hétérogènes et sans doute faudrait-il commencer, comme le recommande la Défenseure des droits, par mettre en place un suivi consolidé, qualitatif et chiffré de ce que mettent véritablement en oeuvre les Régions dans leurs politiques d’orientation.

 

Que les uns et les autres cessent enfin de se renvoyer la balle de la responsabilité et s’engagent avec force sur la voie de la réconciliation avec une jeunesse qui crie son besoin de boussole.

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