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La culture bretonne et le président

Paru dans le Télégramme :


Décidément, le président du Conseil régional de Bretagne est dans une mauvaise passe sur le sujet de la culture bretonne. Au mois de décembre, sa vice-présidente chargée de la culture, des droits culturels et de l’éducation artistique effectue un dérapage non contrôlé et qualifie les musiciens de fest noz d’« attardés” parce qu’ils ne comptent pas suffisamment de femmes ; « syndrome Bécassine » que nous espérions oublié.


En janvier, la crise qui couvait au Conseil culturel de Bretagne éclate au grand jour.


Ce week-end, son vice-président en charge des langues de Bretagne et des Bretons du monde se voit démis de ses délégations par le président lui-même.



Cette avalanche de difficultés n’a-t-elle pas finalement pour cause le fait que la culture bretonne n’est pas le sujet du président du Conseil régional, qu’il ne l’incarne pas et donc qu’il cherche à le déléguer. C’est là que lui manque la « vieille gauche » qui, depuis les années 60, avait fait du combat culturel breton l’un de ses chevaux de bataille.


Sur la question de l’autonomie, le président de la Région Bretagne n’a-t-il pas lui-même délégué le sujet à son vice-président finistérien, Michaël Quernez, ne suivant l’avancée du dossier que de très loin et ne voyant finalement dans l’autonomie qu’une façon de collecter des recettes fiscales supplémentaires. Au moment où d’autres régions prennent de vraies initiatives de fond, cela pose une série de questions.


« Comment le mouvement culturel breton trouvera-t-il de nouveaux relais pour l’accompagner par des politiques publiques respectueuses, déterminées et très attendues ? »

En l’état, les commentateurs peuvent constater que le président du Conseil régional de Bretagne est plus intéressé par les sirènes de Bruxelles et la campagne de M. Glucksmann que par ce qui fait l’identité et la nature de la Bretagne.

Parce qu’il doit faire face à la défaillance de deux vice-présidents et parce que certains membres de la liste macroniste « Nous la Bretagne » frappent à la porte de l’exécutif de façon de plus en plus insistante, le président de la Région Bretagne va se voir contraint de renouveler son exécutif et trouver enfin « le souffle breton » dont il veut porter la flamme.


Que nous dit cette crise de début d’année ? Elle révèle sans doute un virage important dans l’histoire du mouvement culturel breton. Ce mouvement a trouvé tout au long de son histoire plus que séculaire des relais politiques très divers. Depuis quelques décennies, il était pour partie très lié à la « gauche bretonne », cette gauche qui avait su allier la première gauche laïque et plutôt jacobine et la deuxième gauche d’inspiration chrétienne et décentralisatrice. Mais celle-ci a été fracassée par le macronisme sans que celui-ci ne porte un intérêt particulier aux cultures régionales et à l’enracinement.


Comment le mouvement culturel breton trouvera-t-il de nouveaux relais pour l’accompagner par des politiques publiques respectueuses, déterminées et très attendues ? Certaines expériences sont menées dans de grandes communes bretonnes. Les départements peuvent, s’ils le souhaitent, être au rendez-vous. Quant à la Région, elle doit se réinventer si elle veut de nouveau compter au-delà d’un simple soutien financier. C’est l’enjeu des quelques mois que nous allons vivre.


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