Rendons le pouvoir aux Régions et commençons par la Bretagne
- Yvan Moullec
- 12 juin
- 2 min de lecture
Le conseiller régional Yvan Moullec plaide en faveur d’une véritable autonomie pour les Régions, notamment pour la Bretagne.
Et si l’un des grands maux de la France venait de là : de ce centralisme parisien, rigide, archaïque, incapable de comprendre la diversité des territoires ? Depuis trop longtemps, notre pays s’accroche à un modèle jacobin dépassé, qui pense encore pouvoir gouverner 67 millions de citoyens depuis quelques ministères et couloirs de la capitale.
Cette vision n’est plus viable. Elle nous mène droit dans le mur. Il est temps de redonner le pouvoir aux Régions. Et pourquoi ne pas commencer par la Bretagne ? Car la Bretagne est l’exemple même d’un territoire prêt à prendre son destin en main. Elle possède une identité forte, une culture vivante, un tissu économique résilient, un ancrage territorial puissant. Les Bretons savent ce qu’ils veulent : travailler, innover, transmettre, décider pour eux-mêmes.
Ce qu’il leur manque ? La liberté d’agir. Pourquoi la Région Bretagne ne pourrait-elle pas gérer elle-même ses politiques de logement, d’éducation ou de transition écologique ? Pourquoi ne pourrait-elle pas lever une partie de ses ressources fiscales localement, investir dans des projets adaptés à ses réalités, soutenir sa langue et sa culture sans passer par les fourches caudines de l’administration centrale ?
Pourquoi devrait-elle demander l’autorisation à Paris pour chaque décision stratégique ? Regardons ailleurs (*) : l’Allemagne a fait le choix du fédéralisme et ses länder ont les moyens d’agir. L’Espagne a doté ses communautés autonomes de véritables pouvoirs. Même l’Italie, pourtant aussi centraliste que la France jadis, a su évoluer. Pourquoi, en France, ce mot « autonomie » fait-il encore si peur ? La Bretagne pourrait être le laboratoire de cette France nouvelle, celle des territoires autonomes mais solidaires, responsables mais unis. Une Bretagne qui expérimente, qui innove, qui inspire. Une Bretagne qui ouvre la voie à une République plus mature, qui ne confond plus unité et uniformité. Et ne nous méprenons pas : il ne s’agit pas de diviser la France, encore moins de rompre le lien national. Il s’agit de reconstruire ce lien sur des bases plus saines, plus équilibrées. Une République trop centralisée finit par se vider de son sens. Une République des territoires, au contraire, peut réconcilier les citoyens avec l’action publique. La centralisation est un échec. La décentralisation à la française, un leurre.
Il est temps d’oser l’autonomie. Et si Paris n’en a pas encore le courage, alors qu’il laisse les Régions, à commencer par la Bretagne, montrer le chemin.
* Budget de la Catalogne : 43 milliards d’euros ; budget de la Bavière : 149 milliards d’euros ; budget de la Bretagne : 2 milliards d’euros.
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