Sécurité des lycées et des transports en Bretagne : il y a urgence à agir
- Agnès Le Brun
- 27 nov.
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Dans une tribune, Agnès Le Brun, conseillère régionale (Hissons haut la Bretagne) appelle la Région Bretagne à agir pour la sécurité dans les lycées et les transports publics.
Les faits sont là. Dans les lycées bretons, les intrusions, les tensions aux abords, les dégradations se multiplient. Des incidents graves se sont produits récemment dans plusieurs établissements. Dans les transports TER et les gares, les conducteurs alertent de plus en plus fort sur des comportements dangereux, des agressions verbales, parfois en totale absence de médiation ou de dispositifs d’alerte efficaces.
La plupart du temps, seuls le sang-froid et la réactivité des personnels ont permis de limiter les dégâts. Pourtant, en Région Bretagne, ce sujet reste traité comme une question périphérique, presque taboue, renvoyée à l’État au nom d’une lecture strictement administrative des compétences. Ce raisonnement traduit une posture idéologique plus qu’une réalité juridique. Car s’il est vrai que la police et la gendarmerie dépendent de l’État, la responsabilité matérielle et technique de l’environnement scolaire appartient bel et bien aux Régions pour les lycées. Quant à la sûreté des déplacements, le contrôle des accès, l’équipement des gares routières et ferroviaires, la vidéoprotection, les procédures d’alerte, tout cela relève également bel et bien de la responsabilité de la Région.
Adopter une réponse juridique minimaliste - « Ce n’est pas de notre compétence » -relève au pire de l’angélisme, au mieux d’une déconnexion de la réalité telle que la vivent les principaux concernés. Cette posture masque de plus et surtout un paradoxe politique majeur : on réclame davantage de décentralisation, davantage de compétences, davantage de moyens pour les Régions… Mais lorsque surgissent des responsabilités exigeantes, structurantes, parfois sensibles, on se hâte soudain de renvoyer la charge à Paris.
Ce double discours n’est plus tenable. La Région Bretagne ne peut plus revendiquer un enseignement plus décentralisé, des compétences accrues, une gouvernance plus territorialisée… Et refuser de s’emparer de l’un des sujets les plus concrets de la vie quotidienne des Bretons : leur sécurité. Parce qu’on ne peut pas vouloir plus d’autonomie et moins de responsabilités. Parce qu’on ne peut pas plaider le « pouvoir régional » et se défausser dès qu’apparaît un enjeu délicat. Parce qu’on ne peut pas se réclamer de la proximité tout en renvoyant systématiquement aux ministères le soin de régler les problèmes… de proximité.
Dans d’autres régions, par exemple en Occitanie, des plans de sécurisation ambitieux ont été lancés : modernisation des accès aux lycées, postes de médiation dans les transports, dispositifs anti-intrusion, coordination structurée avec la SNCF et les forces de l’ordre, vidéoprotection dans les gares, formation des personnels aux situations d’urgence. Car renforcer la sécurité, ce n’est pas céder à une logique répressive, c’est revendiquer que protéger, ce n’est pas surveiller. La Bretagne, terre de responsabilité et de pragmatisme, ne peut rester dans une forme de déni idéologique où la sécurité serait un mot suspect, incompatible avec une vision moderne de l’action publique. Elle doit assumer pleinement ses compétences et son devoir moral : garantir à chacun des conditions sûres d’apprentissage et de déplacement. Et les Régions qui demandent plus de pouvoirs doivent accepter d’exercer ceux qu’elles ont déjà.




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