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N’ayons pas l’intelligence artificielle honteuse

  • Agnès Le Brun
  • 16 sept.
  • 2 min de lecture

Pour Agnès Le Brun, il faut faire de l’intelligence artificielle une alliée et ne pas la rejeter a priori.


L’intelligence artificielle s’est installée dans nos vies à une vitesse fulgurante. Elle s’est imposée sans crier gare à nos côtés dans la médecine, l’éducation, la recherche, la culture, l’économie du quotidien. Et comme souvent dans le débat public français, qui adore les chiffons rouges et déteste les nuances, il a fallu choisir son camp : fascination aveugle ou rejet stérile. Comme si l’utiliser, c’était déjà trahir une forme de pureté de l’esprit humain. Comme si en parler, c’était se compromettre avec une machine jugée suspecte. Comme si la rejeter excluait radicalement du camp de la modernité. Cette attitude quasi irrationnelle nous prive surtout de la lucidité et de la maitrise dont nous aurions besoin pour construire un avenir à la mesure de cette révolution. Comme toute technologie, elle porte évidemment des risques d’abus : désinformation, manipulation des esprits les plus jeunes, reproduction des biais, concentration des pouvoirs économiques. Mais elle offre aussi des perspectives considérables : accélération de la recherche scientifique, personnalisation des apprentissages, nouvelles formes de création artistique, renforcement de la productivité dans des secteurs clés.


Refuser d’affronter l’IA de face, la comprendre parfois comme une forme de sorcellerie qui priverait du libre arbitre, c’est nous rendre coupables de naïveté et autoriser par ailleurs d’autres sociétés, d’autres continents, définir seuls les règles et les usages qui structureront demain nos vies. L’Europe, qui a souvent su imposer -certes avec retard - des normes protectrices dans le domaine numérique, risque fort de se marginaliser si elle se contente d’un discours de méfiance. Chaque révolution technique a d’abord suscité la peur et pourtant nous n’avons pas eu honte d’apprendre à lire, quand l’imprimerie a bouleversé la transmission du savoir. Nous n’avons pas eu honte d’utiliser la photographie, même si elle semblait au départ dénaturer la peinture. Nous n’avons pas eu honte de nous emparer d’internet, redouté comme incontrôlable. Pourquoi aurions-nous honte aujourd’hui de réfléchir avec l’IA ? La peur n’empêche pas le danger, dit-on. Or, assumer l’IA, ce n’est pas s’y soumettre. C’est au contraire prendre la responsabilité de la maîtriser, de la réguler, de l’orienter vers ce qui sert l’humain.

 

Quand la honte est un frein, l’ambition, elle, peut être féconde. Parce que l’intelligence artificielle ne se substituera ? l’intelligence humaine que si nous la laissons nous assiéger au lieu d’en faire une alliée et d’oser la penser, l’apprivoiser, la façonner, nous avons le choix aujourd’hui : détourner le regard au nom d’une illusoire exigence morale, ou assumer ce nouvel outil, en citoyens éclairés et déterminés.



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