Réindustrialisation : desserrer les contraintes ou se tirer une balle dans le pied
- Isabelle Le Callennec, Agnès Le Brun
- 6 août
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Dans une tribune, Isabelle Le Callennec, députée européenne et conseillère régionale (Hissons haut la Bretagne), et Agnès Le Brun, ancienne députée européenne et conseillère régionale (Hissons haut la Bretagne), donnent leur point de vue sur la question de la réindustrialisation.
La question de la réindustrialisation de notre pays est, aujourd’hui, plus que jamais cruciale et le consensus autour d’un constat partagé devrait, en théorie, accélérer la mise en œuvre des solutions. En effet, sans définition commune de la souveraineté, sans volonté déterminée de donner un coup de frein aux délocalisations, sans redéfinition du travail comme socle de la cohésion sociétale et donc économique, pas d’horizon.
Mais, dans un pays où les oppositions idéologiques binaires - les salariés victimes face aux patrons forcément méchants - prennent la place du bon sens et du pragmatisme, le combat est loin d’être gagné. Pourtant, pour que cette réindustrialisation soit véritablement bénéfique, il est indispensable de repenser le cadre dans lequel évoluent les entreprises. Trop souvent, les contraintes financières réglementaires et administratives pèsent lourdement. Ces contraintes, bien que souvent motivées par des objectifs légitimes - protection de l’environnement, sécurité, droit des travailleurs - peuvent devenir un frein lorsqu’elles sont excessives, mal adaptées, ou pire, relever d’une forme de socialisme collectiviste nostalgique du Gosplan. Elles limitent la capacité des entreprises à investir, à innover et à recruter. Or, sans une industrie dynamique et compétitive, il est impossible d’offrir des emplois de qualité.
Desserrer certaines contraintes ne signifie pas renoncer à la responsabilité sociétale des employeurs. Au contraire, cela doit leur permettre de mieux s’organiser, de moderniser leurs outils de production et de mettre en place des pratiques plus respectueuses du bien-être au travail. Moins de lourdeurs administratives, plus de flexibilité, et une meilleure adaptation des règles aux réalités industrielles et commerciales sont autant de leviers pour favoriser un environnement professionnel plus favorable. La réindustrialisation passe donc par un équilibre subtil : maintenir des exigences élevées en matière de sécurité et de droits sociaux, tout en offrant aux entreprises la marge de manœuvre nécessaire pour se développer, innover et investir, notamment dans le domaine de la formation. Face aux bouleversements liés aux accords commerciaux européens, dont nous n’avons pas encore mesuré toutes les conséquences, la réindustrialisation ne deviendra un moteur réel de progrès social que si prévaut cette approche pragmatique, créatrice d’emplois industriels durables, attractifs et respectueux de l’aspiration des salariés.
Ce qui vaut pour la France vaut pour la Bretagne. Il n’est, par conséquent, pas certain qu’ajouter des charges aux contraintes comme le fait la Région Bretagne en imposant une nouvelle taxe, comme le versement mobilité additionnelle, soit une bonne idée, ni pour les entreprises, ni pour les salariés, ni surtout pour la place que prétend occuper notre région face au grand défi de la réindustrialisation.




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